Dimanche 3 avril 2016. Une date dont je me souviendrai longtemps je pense ; la date de mon PREMIER MARATHON…

Je me souviens encore du jour où je l’ai annoncé ici, 300 jours avant, une éternité. Et pourtant les jours, les semaines, les mois ont filé, rythmés par cet entrainement intensif, indispensable si j’espérais atteindre mon but.

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Aujourd’hui, à J+7, je crois que je ne réalise toujours pas vraiment… L’émotion prend encore très souvent le dessus quand j’en parle, l’euphorie aussi. La douleur, elle, semble déjà loin. Egoïstement, cet article, je l’écris autant pour vous que pour moi, pour garder encore un souvenir de cette journée exceptionnelle, de cette aventure exceptionnelle.

Courir un jour un marathon faisait partie de ma « bucket list » depuis très longtemps, je vous le disais. Toutefois, cet objectif m’a longtemps semblé hors de portée, et il a fallu attendre patiemment le bon moment. Ce moment, c’était il y a presque un an jour pour jour, après avoir passé une journée exceptionnelle à encourager mon amoureux et mes amis sur le Marathon de Paris 2015. J’ai su que je voulais vivre cela aussi, que c’était mon moment… J’ai su aussi que je m’engageais à vivre une année où le sport et la course à pieds deviendraient petit à petit ma priorité.

Si cela vous intéresse, je reviendrai peut-être plus en détails sur mes mois d’entraînement et ma préparation. Je ne sais pas si elle a été parfaite, mais j’ai essayé de l’adapter à mon niveau, d’augmenter l’intensité doucement, et je pense vraiment que cela a été payant et m’a permis d’arriver le jour de la course avec de bonnes « bases » qui allaient me permettre de tenir la distance sans trop flancher ou me blesser. Il s’agissait de mon premier marathon, mon seul objectif était de le terminer, dans le « meilleur » état possible…

Retour sur quelques heures hors du commun… Je vous passe le résumé détaillé des journées précédentes, entre retrait du dossard, larmes, excitation, doute, impatience, peur et sérénité, je pense avoir balayé et épuisé tout le champ des émotions possibles en l’espace de quelques heures. Je ne sais pas si j’étais prête mais je trépignais d’impatience d’enfin y être !

Dimanche matin, je partais tard, à 10h15, dans le dernier sas. Après le réveil et le petit-déjeuner, on a donc eu le temps de se préparer calmement, laissant montrer petit à petit l’impatience, tout en évitant les gros coups de stress… Ce marathon, en plus d’être mon premier, était rempli de symboles et de moments forts de partage pour moi. Je le courais avec mon père, l’année de ses 70 ans ; mon premier, son dernier. Je le courais aussi avec mon amoureux, et dans les derniers jours, un de mes meilleurs amis a aussi proposé de nous accompagner. Partager cette course avec eux a été l’un des plus jolis moments sportifs de ma vie. Ils m’ont motivée, encouragée, re-boostée, faite rire, ils ont su me changer les idées, me rassurer ; chacun à leur façon ils ont su trouver les mots et les gestes.

A 10h nous voilà donc tous les quatre dans le sas, attendant le départ avec impatience. Il fait un soleil radieux, la température est déjà très agréable, les gens se sourient, s’encouragent, rigolent. Je sais déjà que je vais vivre un moment particulier et j’essaie d’en profiter au maximum, de chaque minute, de chaque moment.
A 10h20, nous partons enfin ! Ce premier kilomètre sur les Champs Elysées est assez surréaliste, entre les coureurs euphoriques et ravis, le soleil et la perspective sur la Concorde et la grande roue…

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Mon objectif était de profiter le plus possible de la promenade, d’en prendre plein les yeux, de profiter du parcours exceptionnel. Moi qui aime tant me promener et visiter Paris, j’avais là une opportunité exceptionnelle de le faire et je ne comptais pas m’en priver. J’essaie de trouver mon allure, celle à laquelle je me sens à l’aise pour apprécier, parler un peu. Elle est un peu plus lente que d’habitude, peut-être car je n’avais presque pas couru dans la semaine (je voulais économiser mon genou qui m’avait fait de vilaines frayeurs 10 jours avant la course), mais je n’essaie pas d’accélérer car j’ai trop peur de me griller pour la suite…

La Concorde, la Rue de Rivoli, Bastille, je me régale de l’ambiance, des supporters, de la course. Je vois ma famille au 7ème kilomètre. Ca me fait hyper plaisir car, étant partie tard, je savais que tous les autres supporters seraient déjà partis pour tous se rejoindre au KM 36. On arrive à Vincennes, 10ème km déjà, il fait chaud mais tout va bien. Vers le 15ème km, je commence à ressentir une petite alerte sourde au genou, j’espère très fort que ça ne va pas évoluer mais ça m’inquiète tout de même un peu ; seulement 15km faits, les 42 sont encore bien loin…

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On sort du bois, on retrouve les terres de nos sorties hebdomadaires avec la #boostbastille, et le parcours du semi. Les kilomètres commencent à se faire sentir mais on arrive bientôt au semi, où nous attend à nouveau ma mère. J’ai souvent lu qu’il était très utile de faire des petits bilans « mentaux » tous les 5km. Au moment du semi, mon genou n’a pas évolué et je me sens relativement en forme, j’ai réussi à me mettre dans le même état d’esprit que lors de mes sorties longues et prends les kilomètres les uns après les autres, sans me faire peur et me dire qu’il reste de nombreux kilomètres à parcourir…

Les quais arrivent et avec eux mes premiers petits pépins… Les tunnels et leurs montées me cassent un peu les jambes mais mon souffle est bon et je ralentis mes foulées pour m’économiser ; elles se passent finalement relativement bien… Les choses se corsent quand juste avant le kilomètre 27 je comprends que mon ventre ne supporte pas cette combinaison chaleur, eau, gels et orange que je lui impose depuis plus de 2h. Mais je ne me pose pas la question, je m’arrête. Je préfère de loin perdre quelques minutes et me remettre dans de bonnes conditions. Je savais pertinemment que si je ne m’arrêtais pas, la gêne allait s’accentuer et je risquais de compromettre ma course en entier… Je repars plus sereine et retrouve même un petit regain d’énergie… On commence à croiser de plus en plus de personnes qui marchent, qui s’étirent, qui grimacent… Avant la course, je m’étais promis, hors pépin physique, de ne marcher qu’à partir du ravitaillement du 20ème km, pour boire et prendre mes gels plus facilement… Inutile de vous dire que plus les kilomètres passaient, plus j’attendais avec impatience chaque ravitaillement pour avoir « le droit » de marcher quelques instants, de m’étirer et de repartir.

La course sur les quais continue et on arrive bientôt au kilomètre 30, le fameux « mur ». Entre le ravitaillement face au Trocadéro, le petit ravitaillement sponsorisé Isostar que j’ignore (vive la route hyper collante après) et la joie de voir 2 copines m’encourager, je n’ai finalement pas l’impression de sentir vivement ce mur… En revanche, sur toute ma course, je dirais plutôt que j’ai petit à petit senti la fatigue, les douleurs aux genoux, mais je n’ai pas eu de gros coup de mou ou de défaillance subite… A partir du 30ème kilomètre, je me sens devenir un peu schizophrène. J’alterne entre excitation et montée d’adrénaline quand je réalise que je n’ai jamais couru autant de ma vie et que petit à petit je suis en train de le faire ; et moments où la fatigue et la douleur commencent à me sembler difficiles à gérer… Mes jambes ne sont plus qu’une douleur générale, entre les muscles crispés et mes genoux qui grippent et deviennent douloureux. Pourtant, je m’étais préparée à avoir mal et à devoir faire avec, alors j’use d’auto-persuasion. Oui tu as mal, mais c’est normal. Non ça ne va pas te faire douter pour autant. Oui tu vas le faire ce fichu marathon. Non tu n’as pas passé tous ces mois à t’entraîner pour abandonner si facilement…

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Pendant ce temps-là, mes lièvres font leur boulot à la perfection. Ils me font boire, ils m’encouragent, ils me rassurent, ils me font rire, ils m’agacent et me font oublier la douleur quelques instants, … Ils m’encouragent si bien qu’à plusieurs reprises, quand mon amoureux me dit « regarde, on est en train de le faire, tu es en train d’y arriver, on va y arriver ! », l’émotion m’étreint si fort que j’en perds ma respiration ! Je rigole en lui demandant d’arrêter !

Le kilomètre 35 et le ravitaillement me semblent ne jamais arriver. On est maintenant dans le bois, mon allure ne fait que ralentir, mes jambes sont lourdes et douloureuses et mes genoux pincent… A ce moment-là je me rends compte que mon esprit s’était un peu mis sur pilotage automatique depuis un moment ; alors que j’étais hyper lucide et avais envie de parler, j’ai réalisé que j’avais en revanche totalement fait abstraction du parcours. Dommage, moi qui voulais en prendre pleins les yeux, loupé ! J’ai à peine profité de la vue sur la Tour Eiffel au 30ème kilomètre et je me retrouve dans le Bois de Boulogne, presque sans m’en rendre compte… Je me souviens juste d’être passée devant la Piscine Molitor (et d’avoir rêvé y prendre un verre au lieu de courir ^^). Etrange comme le corps et l’esprit se déconnectent et cloisonnent parfois…

Au moment de repartir après le ravitaillement, je me dis qu’il ne me reste « plus que » 7km. En réalité, à partir du moment où nous avons dépassé le km 32, j’essayais de faire le décompte, car finalement, 10km, ça n’est rien du tout, j’ai l’habitude de le faire très souvent. Mais après 30 kilomètres et près de 3h20 de course, le raisonnement ne fonctionne plus du tout ! Je repars, mais mes jambes sont à présent vraiment raides, douloureuses, comme rouillées… Tant pis, je me raisonne, me dis que c’est normal, qu’il fallait que je m’y attende, que ça ne remet rien en question. Je sais que dans 1km, au 36ème, tous mes amis nous attendent. Je suis impatiente mais redoute en même temps ce moment, ayant si peur de ne pas réussir à contenir mon émotion de plus en plus vive…

Mon amoureux et notre ami sont partis un peu devant les prévenir de mon arrivée et, à plusieurs mètres, je commence à les entendre hurler mon nom ! J’éclate de rire et en sanglots en même temps, j’essaie de les regarder mais je les vois sans les voir, tant je suis émue, comme si j’étais sous le choc ! Plusieurs courent sur quelques mètres avec moi, m’encouragent, me remotivent et me félicitent. Après ça, je sais que la fin est proche, plus que 6km avant l’arrivée…

A nouveau, j’attends avec la plus extrême impatience le ravitaillement du KM 40, qui me semble ne jamais arriver… Les kilomètres défilent si doucement, j’ai l’impression de ne plus réussir à avancer, mes pas sont de plus en plus lourds, de plus en plus douloureux. Pourtant, je ne marche pas, je me l’interdis. Car je sais que si je m’arrête – à part lors des ravitaillements, où je me suis « autorisé » un arrêt -, je risque de flancher et de ne plus vouloir me remettre à courir. Autour de nous, de plus en plus de gens marchent, s’étirent pour stopper ou limiter les crampes. Certains sont assis ou sur le côté de la route, j’ai peine pour eux, me disant que eux, ils devront renoncer et n’arriveront certainement pas à franchir la ligne d’arrivée… Une petite voix dans ma tête me rassure et me dit d’être fière de moi. « Tu ne marches pas, tu continues à courir, doucement, mais tu continues. Tu doubles du monde. Tu ne gères pas si mal cette fin de course ».

Alors que, depuis le kilomètre 24, les ravitaillements ont été un peu avant la marque kilométrique 5-0, là, celui du 40 est situé après le kilomètre 40, arrrrrhh ! Je répète le même rituel, je marche un peu, je bois, je m’étire. Je ne mange plus, ça ne sert plus à rien et j’ai l’impression d’avoir le ventre plein.

Et là étrangement, une fois repartis après le dernier ravitaillement, j’ai laissé tomber les barrières, j’ai su que j’allais le terminer ce marathon, mon marathon. Je pouvais à présent compter les centaines de mètres restants, je pouvais à présent visualiser la ligne d’arrivée. Subitement, j’ai presque eu l’impression de retrouver des sensations meilleures dans les jambes, d’être à nouveau capable de sourire.

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41ème, je parcours à présent les dernières centaines de mètres de mon marathon, je reconnais cette dernière ligne droite, ce dernier virage, puis au loin, le panneau du 42ème kilomètre… Après lui, la place de la Porte Dauphine, ses pavés, son faux plat montant et surtout l’arrivée ! Je passe le 42ème et à nouveau je sens l’émotion monter, je pleure et rigole en même temps. Sauf que cette fois, je ne retiens plus ces larmes, je traverse la place en attrapant la main de mon amoureux, j’ai même l’impression de ne plus avoir mal aux jambes. J’entends les félicitations de deux copains revenus exprès après leur course pour me voir arriver, je pleure encore. Et puis enfin, l’avenue Foch, la dernière ligne droite, et l’arche d’arrivée… Ca y est, la course est terminée, il est près de 15h, et je l’ai fait, j’ai couru mon marathon, je suis devenue marathonienne… ! 4h53 de souffrance, de joie, de détermination, d’émotion, et au final une fierté immense d’avoir accompli mon rêve…

A peine la ligne d’arrivée franchie, mes nerfs craquent, je laisse couler ces larmes de joie, je ne me sens même pas si mal, juste fatiguée mais la joie prend immédiatement le dessus. Je fais des câlins et remercie mille fois ma dream team, ma brigade, qui m’ont portée et soutenue. Je suis sûre que sans eux, je n’aurais sans doute pas réussi ce défi…

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Ensuite, tout s’enchaîne, on récupère nos t-shirts, nos médailles, on retrouve les copains arrivés peu avant ou après nous, on se prend en photos, on récupère nos sacs… Je suis à la fois hyper consciente de ce que j’ai vécu et aussi comme déconnectée. Je ne réalise pas, et encore aujourd’hui, après une semaine, je ne réalise pas toujours…

Ce marathon, j’en ai rêvé pendant près d’un an, j’y ai consacré beaucoup d’heures, je lui ai offert beaucoup de sacrifices aussi. Mais je n’ai jamais été frustrée ou fatiguée, je n’ai jamais trouvé que ça n’en valait pas la peine. Car je savais qu’il y aurait un avant et un après dans ma vie, je savais que, non seulement ces quelques heures sur la route, mais toutes les précédentes à l’entrainement, avaient un sens, allaient m’accompagner, m’aider à devenir une nouvelle version de moi-même, encore un peu plus déterminée, un peu plus fière.

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Ce marathon finalement, je l’ai préparé et fait durant la meilleure année possible pour moi, là où le reste semblait incertain, difficile. Ce défi que je me suis lancé à moi-même m’aura permis de conserver cette confiance en moi qui aurait pu me quitter par ailleurs. Il m’aura aussi permis de lire tant de fierté dans les yeux de ma famille, de mes amis, de mon chéri.

Ce marathon aura avant tout été pour moi une exceptionnelle aventure humaine, durant toutes ces semaines, tous ces mois de préparation. S’entrainer avec ses amis, avec sa famille ; avoir un objectif commun, pouvoir compter les uns sur les autres, s’épauler, se conseiller, se soutenir, et enfin, se féliciter…

Comme l’an dernier, nous avons conclu cette journée par un pique-nique dans Boulogne, tous ensemble, coureurs et supporters, tous unis et si fiers de ce que nous venions d’accomplir !

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« Si tu veux courir, cours 1km. Si tu veux changer ta vie, cours un marathon »
Emil Zatopek.

Et aujourd’hui ? Je n’ai pas encore repris la course (demain si tout va bien), je préférais laisser du temps à mes muscles et laisser tous les petits traumatismes se réparer… Mais je trépigne d’impatience de chausser à nouveau mes baskets et de partir pour de nouveaux défis ! Et je sais déjà que je courrai à nouveau un marathon, j’en ai déjà l’envie…

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4 comments on “My bucket list : mon premier marathon”

  1. Très jolie article à ton image qui donne envie de se lancer dans l’aventure! Encore bravo tu as fait une très belle course 😉

    • @Aurore : Merci infiniment pour ton gentil commentaire ! Ca me touche de voir que j’ai réussi à y transmettre mes émotions..

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